G comme...Germanie / Challenge AZ 2017

Publié le par Juloz

Germanie. Oui, nous allons aujourd'hui du côté de l'Allemagne en 1807 avec un document retrouvé parmi une liasse de passeports du XIXe siècle aux Archives Départementales d'Indre-et-Loire.
Il s'agit d'un extrait mortuaire d'un très jeune soldat de Napoléon 1er, rédigé à Cologne alors simple sous-préfecture du département de la Roer, dont le chef-lieu est Aix-la-Chapelle.

C'est une trouvaille pour moi car il nous donne une information importante sur la cause du décès, information impossible à connaître avec l'Etat-Civil.
Combien de fois nous, généalogistes, sommes frustrés de ne pas connaître la cause réelle d'un décès ? Ne serait-ce que pour savoir si notre ancêtre a souffert durant de longues semaines ou si la mort a été brutale...

 

G comme...Germanie / Challenge AZ 2017

EXTRAIT MORTUAIRE
Commune de Cologne
HOPITAL Civil de Cologne

Du registre des décès dudit hôpital a été extrait ce qui suit:
Le Sieur
Philippe RAIMBAULT, fils de Jean et Louise POUREAU
Chass[eu]r à Cheval du 20 Régiment 1 Comp[agnie]
4e Escadron
natif de Chinon canton de Tours département
d'Indre et Loire est entré audit hôpital le dix sept du mois
d'avril l'an 1807 et y est décédé le vingt un du mois
d'avril l'an 1807 par suite de péripneumonie.
Je soussigné, Econome dudit hôpital, certifie le présent extrait véritable
et conforme au registre des décès dudit hôpital.
Fait à Cologne le 21 du mois d'avril 1807.

Vu et certifié par nous Com[missai]res SCHNITZ Econome
ad[ministra]teur des hospices civils
(signatures)
Nous, Commissaire des guerres chargé de la police de l'hôpital
de Cologne certifions que la signature ci-dessus est celle de
M. SCHNITZ Econome, et que foi doit y être ajoutée.
Fait à Cologne le 24 du mois de May 1807
(signé HEBERT)

"Vu et enregistré. Le Q[uart]ier maître du 20e Régiment
de chasseurs
(signé) JOIRISE (?)

Wikipedia m'apprend que "le 20e régiment de chasseurs à cheval trouve son origine dans la Légion de Luckner. Celle-ci fut créée par le décret du 21 mai 1792, qui ordonnait au Maréchal de Luckner de lever une légion franche composée de 26 compagnies, dont 18 d’infanterie composant deux bataillons, et 8 de cavalerie formant deux escadrons. Peu après cette légion prit le nom de Légion du Centre.
En juin 1793, la cavalerie de la légion fut formée en régiment de chasseurs à cheval, qui prit le numéro 13, comme étant le premier des corps de nouvelle formation, mais un autre régiment avait pris le même numéro ; une décision ministérielle trancha en faveur de celui-ci, et c’est le numéro 20 qui échut aux cavaliers de l’ex-Légion du Centre.
Il se distingue pendant la Révolution et le Consulat à Hohenlinden et Neumarkt. Au début de l'Empire il est stationné en Hollande.
En août 1806, il rejoint le corps du maréchal Augereau. Le 8 février 1807, il charge avec fougue à la Bataille d'Eylau, durant laquelle les troupes françaises de Napoléon Ier affrontèrent les Russes de Bennigsen et les Prussiens du général Anton Wilhelm von L'Estocq, puis participe aux combats de Königsberg (15 février 1807), Guttstadt et Heilsberg."
Le pauvre Philippe RAIMBAULT est donc mort à 20 ans, 4 jours après son entrée à l'hôpital, d'une péripneumonie, inflammation du poumon ou de la plèvre, loin de chez lui, à Cologne en territoire allemand, alors occupé par Napoléon 1er.

J'ai pu retrouver sans effort son acte de décès sur la commune de Chinon, transcrit sur le registre d'Etat-Civil entre le 12 et le 15 juillet 1807 (AD 37 - Décès Chinon an XII-1808 - vue 208):

On y apprend que son deuxième prénom était "Aimable" et que le nom de sa mère est "POUVREAU" et non "POUREAU".
On imagine que l'extrait mortuaire a servi à la rédaction de l'acte de décès sur les registres d'Etat-Civil de Cologne puis, comme indiqué dans l'acte ci-dessus,
"transcrit en éxécution de l'article 80 de la loi du vingt ventose an onze sur la copie remise par le maire de Cologne signée J.J.WITTGENSTEIN, maire".
Le wikipedia allemand nous apprend que ce maire, dont le nom exact est Johann Jakob von Wittgenstein a été en fonction quelques mois entre 1796 et 1797, puis plus longtemps sous la domination française de 1803 à 1814, jusqu'en mai 1815 dans la ville alors reprises par les autorités prussiennes après la défaite de Napoléon 1er à Waterloo.

Après une longue recherche dans les six paroisses de la ville de Chinon, j'ai pu retrouver l'acte de baptême de Philippe Aimable/Amable le 28 décembre 1787 dans l'église Sainte-Mexme de Chinon (AD 37 - BMS 1787 - 6NUM6/072/612 - vue 27)

Transcription :

"Le vingt huitième jour de décembre mil sept cent quatre vingt sept
a été baptisé dans cette église par moy curé sousigné et est
né de ce jour Philippe Amable fils de Jean Rimbault
tisserand et de Louise Poivreau sa légitime épouse. Le
parain a été Philippe Amable Deruoil garçon chapellier
de présent demeurant paroisse de St Etienne de cette
ville, la maraine a été Brigide Million sise aussy de la
paroisse de St Etienne de cette ville lesquels et le
père présent ont signez avec nous tous de ce enquis."

On retrouve les parents de Philippe sur un arbre publié sur généanet où on peut voir que sa mère décède le 16 janvier 1809 à l'âge de 55 ans, soit 2 ans après son fils.
Est-elle morte de chagrin suite à son décès, lui, son enfant, inhumé loin là-bas, dans les terres hostiles d'Allemagne, ou tout simplement d'une cause naturelle ?
Nul ne le sait et l'Etat-Civil restera muet à jamais à ce sujet...

A demain pour la lettre " H " !
;-)

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